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Les 50 qui ont marqué la Coupe du Monde : Zinédine Zidane

Dernière mise à jour : 6 nov. 2022

Son doublé en finale en 1998, sa prestation d'exception contre le Brésil en 2006, sa panenka en finale contre l'Italie... Zinédine Zidane a considérablement marqué l'histoire de la compétition devenant ainsi l'idole de toute une génération. Portrait de Zizou par un enfant de France 98.


Zinédine Zidane en 2006. Givemesport.

Un soir de juin 1998


18 juin 1998. Alors que l’Equipe de France affronte l’Arabie Saoudite pour son deuxième match en Coupe du Monde dans son Stade de France flambant neuf, à quelques kilomètres de là, des cris retentissent à l’hôpital de Brou-sur-Chantereine. Ces cris, ce sont les miens, difficile de garder le silence lorsque, après neuf mois bien au chaud, je suis invité dans un monde qui m'est inconnu. A la maternité, mon père, remis de ses émotions, jette un coup d’œil à la télévision. Le match des Bleus se déroule plutôt bien puisque, après leur victoire inaugurale contre l’Afrique du Sud (4-0), les hommes d’Aimé Jacquet mènent par 2 buts à 0. Zidane, star attendue du tournoi, est en jambes et reçoit des coups comme ici avec ce tacle du capitaine saoudien Fuad Amin. L’arbitre le voit d’ailleurs et le sanctionne d’un carton rouge ! Attendez… Non, c’est Zidane qui est expulsé ! A côté de mon père, un infirmier est aussi incrédule que lui. Quant à moi, je les rejoindrai dans ce sentiment quand, quelques années plus tard je verrai à mon tour ces images…


Tout commence par une cassette


Je dois avoir désormais 4 ou 5 ans, et, comme chaque jour en rentrant de l’école, je demande à revisionner la cassette des Bleus champions du monde. Je commence à en connaître certains commentaires par cœur : « corner tiré par l’enfant de la Castellane, Zidane. » lors du premier but de Dugarry suite à un corner de Zizou face à l’Afrique du Sud ou encore « Yuri, Gianliuca, Gianliuca, Yuri, copains en clubs mais sûrement pas en sélection ! » au moment d’un duel entre Djorkaeff et Pagliuca lors du quart de finale face à l’Italie. Mais moi, avec mes yeux d’enfants, je n’ai d’yeux que pour un joueur : Zinédine Zidane. Comme mon père quelques années auparavant, j’admire son remarquable décalage de l’extérieur pour Lizarazu sur le but d’Henry et ne comprends pas son carton rouge contre l’Arabie Saoudite (« mais il n’a pas fait exprès ! »). Enfant de 1998, j’ai grandi avec l’image de ce Zizou demi-Dieu, celui dont le visage s’étale en grand sur l’Arc de Triomphe un soir de 12 juillet. Dans mon jardin, j’ai essayé de copier sa roulette, que je reproduisais sans grand succès dans les cours d’école. Au football en club, je rêve de devenir un numéro 10 à son image, là aussi sans grand succès. Pour moi, Zizou est parfait. Sa calvitie ? Un choix capillaire, je ne conçois même pas un seul instant que le numéro 10 des Bleus puisse perdre ses cheveux. D’ailleurs, je m’imagine bien moi avec cette tonsure mais je ne suis pas bien sûr que ma mère soit d’accord. Dans ma cassette, je passe rapidement sur les matchs du Danemark et du Paraguay : pas de Zizou, quel intérêt ! Sur l’Italie, je ne regarde presque que son pénalty. La demi-finale face à la Croatie m’intéresse déjà plus. Zizou me paraît virevoltant. Il fait même une conduite de balle de la tête pour éliminer un joueur à un moment, geste que je tenterai de reproduire bien évidemment, non sans déclencher quelques moqueries. Et puis la finale, bien sûr. Je me rappelle voir Roberto Carlos concéder un corner bêtement. Frappé par Manu Petit, le coup de pied de coin est parfait et ZZ surgit. Une tête parfaite, Taffarel est battu. Je les aime bien aussi ces brésiliens. Probablement parce que l’admiration qu’ils suscitent renforce aussi le triomphe de Zizou. Puis, il faut le reconnaître ils ont un chouette maillot. Une quinzaine de minutes plus tard, deuxième corner, cette fois tiré par Djorkaeff. A la réception, encore Zidane qui, d’un nouveau coup de casque, double la mise et m’offre de quoi rêver pour toute une vie. Bizarrement, alors que j’ai à peu près tenté de reproduire tous les gestes de Zizou dans le jardin de mes parents, je n’ai jamais trop essayé de refaire ces deux têtes légendaires. Un peu peureux sur les bords pour tenter de mettre un coup à ce ballon aussi gros que mon crâne. Et puis, dans une autre cassette qui lui est consacrée et que je regarde à l’occasion, Zizou a dit que son jeu de tête était son point faible. Voilà qui m’arrange bien.


Quand une idole s'en va

Lorsque débute l’Euro 2004, j’ai maintenant 6 ans et suis en âge de suivre ma première compétition internationale. Depuis quelques mois, j’ai pris l’habitude de regarder les matchs diffusés sur TF1 (au grand dam de ma mère qui veut me faire dormir à la mi-temps, sacrilège!) avec notamment le parcours de Monaco en Ligue des Champions. Mais cette fois, ce sera autre chose, Zidane sera de la partie. Excepté la fameuse cassette de la Coupe du Monde, je n’ai pas encore eu trop l’occasion de le voir en activité. En 2002, j’étais encore trop jeune et de toute façon, Zidane jouait sur une jambe et n’avait pu empêcher l’élimination des Bleus au premier tour. Pour cet Euro 2004, j’ai préparé les choses en grand : album panini, maillot tricolore, je suis prêt à suivre l’événement comme il se doit. Lors de la phase de poules, mon héros m’émerveille en direct pour la première fois. Face à l’Angleterre, alors que la France est menée 1-0, ZZ inscrit un doublé dans les derniers instants du match : un coup franc incroyable d’abord et un pénalty ensuite pour donner la victoire aux Français. Désormais, je m’entraînerai aussi à tirer les coups-francs (près de 20 ans plus tard, il y a encore du boulot!). Cette rencontre face à une équipe d’Angleterre où figure l’autre joueur qui deviendra mon idole, à savoir Steven Gerrard, sera malheureusement le seul frisson de la compétition. Eliminée en 1/4 face à la Grèce, la France connaît une deuxième désillusion de suite après l’échec du Mondial 2002. Mais surtout, Zizou annonce arrêter la sélection. Pour moi, qui ne voit pas les matchs du Real, cela équivaut à une fin de carrière. Je suis inconsolable.


« Dieu est de retour »

Pendant des mois, je vais espérer très fort que mon héros revienne. Je rêve de le rencontrer car,du haut de mes 7 ans, j’en suis sûr : je pourrais le convaincre de revenir en Bleu ! Sans lui, les matchs de l’Equipe de France sont devenus bien fades. Je me console avec la Ligue des Champions et les coup francs de Juninho mais Zizou me manque et il manque aux Bleus. Sans son maître à jouer, l’équipe de France est à la peine dans les qualifications. Et puis un soir, alors que je passe devant la TV pour le journal de 20 heures, mon rêve est enfin exaucé : Zidane revient en Equipe de France. Pour son retour face à la Côte d’Ivoire lors d’un match amical au milieu du mois d’août, il inscrit le deuxième but français et réalise un match de haute volée, brassard de capitaine autour du bras. En interview après le match Titi Henry déclare « Dieu est de retour ». Dans mon imaginaire d’enfant, l’image de Dieu est beaucoup trop abstraite, pour moi, Zizou, c’est Superman et il est revenu pour nous sauver !


L’Espagne à la retraite


9 juin 2006. Pour la première fois de ma vie, je vais suivre une Coupe du Monde de Football. Mon impatience est grande mais elle est mêlée d’une certaine appréhension : Zidane à d’ores et déjà annoncé qu’il prendrait sa retraite à l’issue du tournoi. J’avoue ne pas vouloir trop y croire : il est déjà revenu sur sa décision une première fois, il peut le faire de nouveau. Lors du premier tour toutefois, ZZ apparaît emprunté. Enfin selon les médias car pour moi, c’est toujours le meilleur. Si l’Equipe de France se qualifie pour les 1/8ème de finale, elle le fait dans la douleur en terminant 2ème derrière la Suisse dans un groupe pourtant à sa portée (Suisse, Togo, Corée du Sud). Au tour suivant, c’est l’Espagne qui se dresse sur la route des Bleus, l’Espagne qui promet déjà d’envoyer Zidane à la retraite. Cette arrogance m’agace au plus haut point. Je ne comprends pas comment on peut souhaiter du mal à mon Zizou. La réponse du numéro 10 sera exceptionnelle. Enfin au niveau, les Bleus du « petit » Ribéry prennent le meilleur sur des Ibériques qui domineront bientôt la planète football. Revoir les derniers instants de cette rencontre est une véritable Madeleine de Proust. Alors que les Français mènent déjà 2 buts à 1, Zizou est lancé pour une ultime contre-attaque. Aux commentaires, Jean Michel Larqué répète « Et s’il allait marquer, et s’il allait marquer ! », mais bien sûr qu’il y va ! Arrivé à l’entrée de surface, il envoie Carles Puyol cueillir des géraniums sur un crochet parfait et ajuste Iker Casillas. La France l’emporte 3-1, Zizou a envoyé l’Espagne à la retraite.


« Le seul brésilien sur la pelouse »


Enfin lancés, les Français entrent désormais dans le vif du sujet. Pour les 1/4 de finale, c’est la mythique Seleçao que les Bleus vont affronter. Pour moi qui ai été bercé par la cassette de 98, c’est bien entendu l’affiche rêvée. Champions du Monde en titre, les Brésiliens comptent dans leurs rangs deux génies : Ronaldo et Ronaldinho. A cette époque là, je dois dire que je ne portais pas Ronnie dans mon cœur pour une simple et bête raison : on disait partout que c’était le meilleur joueur du monde ! Et Zizou alors, il joue à la pétanque ? De toute façon, il allait leur montrer de quel bois il se chauffait à ses brésiliens. Et ça pour leur montrer, il leur a montré. De toute ma vie, je n’ai jamais vu une plus belle prestation individuelle que celle que Zidane livra ce soir-là. Les images, je peux les revoir indéfiniment sans jamais me lasser. Sombrero, extérieur, contrôles exceptionnels, roulette, passe décisive sur coup france pour Thierry Henry qui inscrit là l’unique but du match : cette rencontre est à elle-seule un condensé du génie du numéro 10 des Bleus. Dans l’histoire du foot, il y a peut-être eu des joueurs plus forts que lui. Mais l’élégance qu’il dégageait sur le terrain restera pour moi, à jamais inégalable.


Traumatisme d’enfance


« Pas ça Zinédine, pas ça, pas maintenant, pas après tout ce que tu as fait ! » La voix du regretté Thierry Gilardi résonne encore dans mon esprit seize ans plus tard. On joue la 110ème minute de cette finale de Coupe du Monde 2006 et Zidane vient de donner son fameux coup de boule à Marco Materazzi. Pour moi, c’est un véritable cauchemar. Le chef-d’œuvre contre le Brésil, le pénalty décisif en demies contre le Portugal (1-0), la panenka face à Buffon en début de rencontre, tout est en train de s’envoler. Les images le montrent, Zizou a eu un coup de sang. Comme face à l’Arabie Saoudite en 1998 et c’est seulement maintenant que je me rends compte que mon héros n’est pas parfait. Enfin, je ne sais pas si je m’en rends compte. Le coupable dans cette histoire, ça ne peut-être que Materazzi qui se roule parterre alors qu’il n’a sûrement rien. Comme je le déteste à cet instant là ! Et comme je le détesterai encore plus quand la France s’inclinera aux tirs aux buts. De mémoire, c’est sûrement la dernière fois que j’ai pleuré devant un match de foot. Revoir les images est d’ailleurs encore difficile. A chaque fois, j’espère jusqu’au bout que le scénario va changer, que quelqu’un va retenir Zizou et qu’en fin de match, il ira assommer Materazzi avec la Coupe du Monde si cela lui chante ! Mais non, le scénario est toujours le même. Zidane a terminé sa carrière sur un coup de tête. Il avait finalement raison, ça a toujours été son point faible…


Un enfant de France 98

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