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Les 50 qui ont marqué la Coupe du Monde : Ronaldo

Des débuts sur le banc en 1994, un mystérieux malaise en 1998, une résurrection en 2002 et un record en 2006 : dans toute l'histoire du Mondial, jamais un joueur n'a peut-être vu sa carrière aussi étroitement liée à la Coupe du Monde que Ronaldo. Retour sur la légende d'Il Fenomeno.

Ronaldo lors du Mondial 2002. Source : Men's Health.

L'étoile dans les yeux


Sur la photo, on le voit allongé, au premier rang, maillot bleu de remplaçant encore sur les épaules, un grand sourire sur les lèvres. Aux côtés de Romario, le grand bonhomme de ce titre mondial de 1994, et du capitaine Dunga, Ronaldo détonne : ce n’est encore qu’un gamin et cela se voit ! Avec son souvenir juvénile, sa pose faussement décontractée, le môme de 17 ans et demi sait peut-être qu’il n’est pas encore totalement à sa place dans cette Seleçao qui vient de conquérir le quatrième titre mondial de son histoire, trente-six ans après le première triomphe de Pelé en Suède. En 1958, le jeune Roi avait lui aussi 17 ans mais il fut l’acteur majeur du triomphe brésilien. Au même âge, Ronaldo, qu’on annonce comme son successeur, a traversé le Mondial américain sans jouer la moindre minute. Un échec ? Absolument pas. Plutôt un apprentissage comme il l’expliquera lui-mêmedes années plus tard : « Je ne savais même pas ce que je faisais là, j’étais une autre personne. Mais je voulais jouer. J’ai beaucoup appris là-bas, ça a été parfait. Je regardais tout le monde, Romario, Zinho. Leonardo était très attentionné, il y avait les coups de gueule de Dunga, ça a été important pour ma carrière. » Dans cette équipe, le petit phénomène, qui s’apprête à quitter Cruzeiro pour le PSV Eindhoven, ressemble à un jeune gamin vainqueur d’un concours exceptionnel. Il n’est pas encore prêt pour une telle compétition mais en prend plein les yeux. Son sélectionneur de l’époque Carlos Alberto Parreira abonde : « Quand on est arrivés, il n’a pas eu le niveau qu’on espérait. Il avait l’air émerveillé d’être aux côtés de Romario, Bebeto. Il voulait prendre des photos, demander des autographes. » Trop jeune pour un tel événement, Ronaldo n’est tout simplement pas prêt mais, à 17 ans, il vient déjà de remporter sa première étoile… et en a pris des milliers d’autres dans les yeux.


Le mystère 1998


Lorsque Ronaldo débarque en France quatre ans plus tard pour la deuxième Coupe du Monde de sa carrière, cela fait déjà bien longtemps qu’il n’est plus le jeune espoir qui regardait ses aînés avec émerveillement. A 21 ans, le roi de la planète football, c’est lui. En arrivant en Europe en 1994, le jeune attaquant autrefois fluet a gagné en muscles et est devenu un monstre de puissance. Supersonique, il est devenu totalement incontrôlable pour les défenseurs, abasourdis devant ce combo de vitesse et de technique encore jamais vu auparavant. En deux années à Eindhoven, une au Barça et une à l’Inter, Ronaldo a révolutionné le football, il est devenu le prototype de ce qu’on appellera quelques années plus tard le « joueur Playstation ». Au sommet de son art, celui qui a remporté son premier Ballon d’Or en 1997 va porter la Seleçao vers sa deuxième finale de Coupe du Monde consécutive. Buteur contre le Maroc en poules, il enchaîne avec un doublé en 1/8ème contre le Chili (4-1), deux passes décisives en quart contre le Danemark (3-2) et un but décisif contre les Pays-Bas en demies (1-1, victoire du Brésil aux tirs aux buts). Leader incontesté de l’attaque brésilienne, celui que l’on surnomme désormais Il Fenomeno impressionne et effraie ses adversaires. A quelques heures de l’affronter en finale de la Coupe du Monde, Frank Lebœuf se renseigne sur lui auprès de ses coéquipiers Lilian Thuram et Marcel Desailly, qui ont affronté le Ballon d’Or en Série A. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les propose de Desailly ne sont pas vraiment rassurants : « Quand il commence ses passements de jambes, au bout d’un moment tu ne vois plus le ballon. Puis c’est lui que tu ne vois plus ! ».


Fort heureusement pour Lebœuf, propulsé titulaire à la place de Laurent Blanc suspendu, le Ronaldo qu’il affrontera en ce fameux soir du 12 juillet 1998 ne sera pas le véritable Fenomeno. Annoncé forfait jusqu’à une heure avant la rencontre à cause d’un mystérieux malaise, le numéro 9 de la Seleçao tient finalement son rang mais traverse la rencontre comme une ombre, à l’image de ses partenaires, surclassés par les hommes d’Aimé Jacquet. Mais qu’est-il réellement arrivé à R9 ? La veille, alors qu’il est dans sa chambre avec Roberto Carlos, il tombe inconscient et se met à convulser. Le latéral gauche brésilien sort alors de sa chambre en hurlant que « Ronaldo est en train de mourir ! ». Lorsque les médecins de la Seleçao arrivent, le buteur de l’Inter Milan est en train de reprendre doucement ses esprits mais il est conduit à l’hôpital. A 21 ans, il vient d’échapper à un problème cardiaque et n’est remis d’aplomb que grâce à un sédatif très lourd qui réduit fortement l’activité cérébrale. S’il déclare se sentir prêt à jouer à son sélectionneur Mario Zagallo le lendemain, Ronaldo est en réalité encore « dans les vapes » lorsqu’il pénètre sur la pelouse du Stade de France le soir de la finale. Ce qu’on pense alors être une simple mésaventure pour un attaquant qui a tout l’avenir devant lui va en réalité marquer la fin de sa première carrière. L’attaquant supersonique qui transperçait les défenses sur des courses de 50 mètres est sur le point de disparaître…


La résurrection d’Il Fenomeno


Au lendemain du Mondial français, Ronaldo retrouve l’Inter Milan, bien déterminé à mettre cet épisode du malaise derrière lui. Malheureusement, il est sur le point de connaître une longue agonie qui durera près de quatre ans. Son genou, qui supportait ses accélérations dévastatrices depuis déjà trop longtemps cède une première fois lors de la saison 1998-1999. Dès lors, les blessures s’enchaînent et le Fenomeno n’est plus qu’un lointain souvenir. Lorsqu’il revient enfin pour de bon en février 2002, le Ballon d’Or 1997 est complètement à court de compétition : depuis 1998, il n’a même pas disputé quarante matchs de Série A. Pourtant le sélectionneur brésilien Luiz Felipe Scolari va lui faire confiance. Mieux même, il va construire son équipe autour de lui. Et le Fenomeno va lui rendre au centuple cette confiance. Moins explosif qu’à ses débuts, le brésilien a su adapter son jeu aux multiples blessures qu’il a subi. Désormais, ses courses sont plus courtes, mais toujours aussi tranchantes et son adresse devant le but est devenue exceptionnelle. Le corps enfin tranquille, Ronaldo va marcher sur ce Mondial brésilien. Auteur de huit buts dont un doublé légendaire en finale face à l’Allemagne d’Oliver Kahn, il porte sur ses épaules une génération dorée composée des Ronaldinho, Rivaldo, Roberto Carlos ou encore Cafu. Après quatre années de traversée du désert, Ronaldo est de nouveau sur le toi du monde : meilleur joueur et meilleur buteur de la compétition, il remporte un nouveau Ballon d’Or en fin d’année. A 26 ans, il est au sommet de sa carrière.


L’homme qui effaça le record de Gerd Müller


Quatre années après sa deuxième victoire en Coupe du Monde, Ronaldo est très loin du joueur qu’il a autrefois été. Pesant désormais 95 kilos, il a petit à petit perdu sa place au Real Madrid et n’est plus aussi décisif que dans sa jeunesse. S’il n’a que 30 ans, il semble déjà en fin de carrière. Pourtant, le Fenomeno reste l’attaquant numéro 1 du Brésil pour ce Mondial 2006. Sur le papier, son association avec Adriano et Ronaldinho a de quoi faire rêver mais, dans les faits, la Seleçao peine à produire du beau jeu. Moqué pour son surpoids, celui que certains surnomment désormais « Gronaldo » va toutefois marquer une dernière fois l’histoire de la compétition. Auteur d’un doublé en poules face au Japon et d’un but en 1/8ème contre le Ghana, il efface le mythique record de 14 buts détenu par Gerd Müller et devient le meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du Monde. Ce sera son dernier sommet. Dépassés par un Zidane touché par la grâce, Ronaldo et le Brésil quittent la compétition dès les 1/4 de finale. Pour Il Fenomeno, c’est le début de la fin. Transféré au Milan après ce Mondial en demi-teinte, le numéro 9 des auriverde, bien trop handicapé par un surpoids rédhibitoire au plus haut niveau, ne retrouvera jamais le niveau qui fut le sien. Alors que la Coupe du Monde 2010 aurait pu être le théâtre de sa dernière danse, le brésilien ne sera pas retenu par son ancien coéquipier Dunga. A 34 ans, cette fois, rideau : c’est bel et bien la fin d’ Il Fenomeno.



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