A la fin des années 1920, la FIFA souhaite profiter du développement des rencontres internationales pour créer la plus prestigieuses des compétitions de l'histoire du football : la Coupe du Monde
L'internationalisation du football
Au cours des années 1920, le perfectionnement des moyens de transports ouvre la porte à une véritable internationalisation du football. Lassées par des années de matchs amicaux, de nombreuses voix s'élèvent pour réclamer la création de grandes compétitions internationales, distinctes des Jeux Olympiques. En Europe Centrale, ces revendications vont être portées par Hugo Meisl, sélectionneur de l'Autriche. Véritable précurseur, il est le premier à créer une véritable Coupe d'Europe des Clubs en 1927 avec la Mitropa Cup, compétition mettant aux prises les meilleures équipes d'Italie et d'Europe Centrale. Parallèlement, il met en place une Coupe Internationale, ancêtre du championnat d'Europe mettant aux prises l'Italie, l'Autriche, la Tchécoslovaquie, la Hongrie et la Suisse. Cette compétition qui se déroule sur trois ans permet à certains footballeurs de voir leur popularité dépasser les frontières de leur pays, chose encore assez rare pour l'époque. Auteur d'un triplé retentissant lors de la dernière rencontre disputée en Hongrie, l'italien Guiseppe Meazza, tout juste 20 ans, devient dès lors l'une des plus grandes vedettes du football mondial, sa notoriété dépassant très largement le cadre de la péninsule italienne. Pour autant, si les compétitions de Meisl constituent des progrès encourageants, elles disposent d'une principale limite : elles ne concernent que l'Europe Centrale là où de nombreux pays souhaiteraient la création d'un véritable tournoi mondial.
CIO VS FIFA
Lors des Jeux de 1924 disputés à Paris, le football avait constitué l'attraction phare de la quinzaine olympique. Le triomphe de l'Uruguay et de sa star José Andrade avait impressionné la foule parisienne qui n'avait eu d'yeux que pour ces footballeurs hors-normes venus de l'autre côté de l'Atlantique. A cette époque, l'entente presque parfaite entre le CIO (Comité International Olympique) et la FIFA avait permis à la compétition de se dérouler dans les meilleures conditions possibles. Cette entente parfaite, elle apparaît bien loin quatre ans plus tard à l'occasion des Jeux Olympiques d'Amsterdam. Dès 1925, des dissensions étaient apparues entre les deux organismes autour du grand débat de l'époque : le professionnalisme. Pour la majorité des membres de la FIFA, celui-ci ne posait pas de problème, la grande fédération internationale ayant accepté sans sourciller que plusieurs fédérations nationales l'instaurent dans leur pays. En revanche, le CIO, lui se montre intransigeant : aucun professionnel ne pourra participer aux Jeux Olympiques. Après de longues négociations, la FIFA parviendra uniquement à faire flancher le CIO sur le remboursement du salaire des amateurs prenant part aux Jeux d'Amsterdam...
Usées par les restrictions imposées par le CIO, plusieurs personnalités de la FIFA militent désormais pour l'organisation d'une Coupe du Monde, indépendante des Jeux Olympiques. Si des désaccords existent quant au rythme de la compétition (biennal ou quadriennal ?) et à l'acceptation ou non des joueurs professionnels, c'est finalement la proposition du français Henri Delaunay qui sera suivie. Secrétaire général de la Fédération Française de Football, cet homme à tout faire du football français parvient à convaincre les membres de la FIFA de la nécessité d'organiser un tournoi ouvert aux amateurs comme aux professionnels; tournoi qui aurait lieu tous les quatre ans.
Direction l'Uruguay !
Une fois la décision prise d'organiser une Coupe du Monde, encore faut-il savoir comment et où l'organiser. De nombreux pays se déclarent candidats pour devenir le pays hôte de ce premier Mondial : l'Italie, la Suède, la Hollande, l'Espagne et l'Uruguay. Les débats sont très souvent vifs mais c'est finalement l'Uruguay qui l'emporte. Vainqueur du tournoi olympique en 1924 et 1928, l'Uruguay est alors la nation numéro 1 en football. Lui confier l'organisation de ce premier tournoi assure ainsi sa participation et confère dès lors le caractère "mondial" voulu pour cette nouvelle compétition. De plus, l'année 1930 coïncidant avec le centenaire de l'indépendance de l'Uruguay, cela assure un magnifique engouement pour le tournoi puisqu'il aura lieu en pleine période de festivités.
Une Coupe d'Amérique du Sud ?
Si l'enthousiasme de l'Uruguay pour organiser sa Coupe du Monde ne souffre d'aucune contestation, il en est tout autre des nations européennes devant traverser l'Atlantique pour participer au tournoi. Ainsi, alors que tout Montevideo s'émerveille devant la construction du Stade du Centenaire qui accueillera la finale du Mondial, en Europe, les désistements s'enchaînent. L'Angleterre, toujours pas décidée à sortir de son isolationnisme, l'Allemagne, qui juge que ce tournoi "peut nuire aux bonnes relations entre les pays", mais aussi l'Espagne, l'Italie ou l'Autriche : tous renoncent à participer à cette première Coupe du Monde. La raison? Pour beaucoup de fédérations, il paraît impossible de former une équipe puisque, l'immense majorité des joueurs ayant un métier à côté du football, il ne leur est pas possible de s'absenter pendant 2 mois pour disputer une Coupe du Monde. De plus, si les frais de voyage sont pris en charge par l'Uruguay, il revient aux Fédérations de payer les dépenses sur place, ce que toutes n'ont pas les moyens de faire. Le projet de grand tournoi mondial prend donc du plomb dans l'aile et ses détracteurs n'hésitent plus à parler d'une "Coupe d'Amérique du Sud" en raison de l'absence des nations européennes. A l'arrivée, la première Coupe du Monde sera finalement sauvée par l'action d'un homme, Jules Rimet, président de la FIFA et de la Fédération Française de Football. Après des mois et des mois de négociations, il parvient in extremis à convaincre quatre nations européennes de faire le voyage jusqu'en Uruguay (la France, la Belgique, la Yougoslavie et la Roumanie). Le tournoi mondial est sauvé, la grande fête du football peut commencer.
Comentários