A première vue, Lucien Gamblin et Luis Suarez n'ont pas vraiment de points communs. L'un est un défenseur international français qui évolua principalement au Red Star dans les années 1910-1920 tandis que l'autre est uruguayen, et est reconnu comme étant un des meilleurs attaquants de notre époque. Pourtant, un geste réunit ces deux joueurs que tout semble opposer...
En 2010, en quart de finale de la Coupe du Monde, l'Uruguay affronte le Ghana. Nous jouons les dernières minutes de la prolongation et le score est toujours de 1-1 lorsque "El Pistolero" repousse de la main un ballon de Dominic Adiyiah sur le point de rentrer dans le but. Logiquement, l'arbitre exclut Luis Suarez et siffle un pénalty pour le Ghana. Asamoah Gyan a alors l'occasion de faire du Ghana le premier pays africain à se qualifier pour une demi-finale de Coupe du Monde. Gyan s'élance, frappe en force, mais le ballon fracasse la barre transversale de Muslera. Les Dieux du Foot ont choisi leur vainqueur. Lors d'une cruelle séance de tirs aux buts, les ghanéens s'inclineront finalement et Suarez deviendra un héros national, largement décrié dans le reste du monde.
Ce que Suarez ne sait probablement pas, c'est que près de 90 ans auparavant, un autre homme fit le même geste que lui dans un contexte similaire. Nous sommes le 25 avril 1921 et le Red Star du légendaire gardien Pierre Chayriguès a l'occasion de remporter la première Coupe de France de son histoire. Pour cela, il doit écarter de son chemin l'Olympique Lillois, ancêtre du LOSC. Le Red Star mène 2-1 lorsque, à la dernière minute, le milieu lillois Louis Darques semble propulser le ballon dans le but de Chayriguès... avant que Gamblin ne s'interpose d'une superbe claquette. Là aussi, l'arbitre siffle pénalty mais n'exclut pas Gamblin, les expulsions étant très rares à l'époque. Toujours sur le terrain, le défenseur a donc l'occasion de pousser le vice un peu plus loin. Ainsi, au moment où son coéquipier en équipe de France Jules Dewaquez s'avance pour tirer son pénalty, Gamblin s'avance et lui glisse à l'oreille "Tu le loupes, Julot, j'te dis que tu le loupes !". Déstabilisé, Dewaquez frappe sur Chayriguès qui sort le pénalty et permet ainsi au Red Star d'inscrire son nom au palmarès de la Coupe de France.
Pour la petite histoire, le geste de Gamblin ne causera aucune polémique dans les jours qui suivront la finale. Dans le journal L'Auto du lendemain, on put ainsi lire que "Gamblin eut la présence d'esprit de mettre les mains pour sauver son club vers la fin de la deuxième mi-temps." Autre temps, autres mœurs...
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