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Photo du rédacteurFoot Universal

Écosse - Angleterre, the Old Ennemies

Petit retour sur les rencontres les plus marquantes de la plus ancienne des rivalités internationales du football mondial : celle entre l’Angleterre et l’Écosse dont le dernier opus s’est déroulé à l’Euro 2021.



Paul Gascoigne contre l'Ecosse à l'Euro 96


Les origines


Contrairement à la légende, la rivalité entre les deux pays est vieille de 151 ans et pas de 149. L’explication est simple. Si le tout premier match international officiel eut bien lieu le 30 novembre 1872 au Hamilton Crescent de Partick (banlieue de Glasgow) devant 4 000 spectateurs, ce n’est pas la première confrontation entre les old ennemies. Non. Le tout premier match entre l’Angleterre et l’Écosse eut vraiment lieu le 5 mars 1870 au Kenington Oval de Londres. Si la sélection anglaise peut être considérée comme telle, celle qui lui est opposée durant cinq rencontres jusqu’en 1872 n’est qu’un XI des immigrés écossais à Londres ou dans ses environs, ce qui frustre les Écossais vivant au pays. C’est la raison pour laquelle ces 5 rencontres ne sont pas considérées officielles par la FIFA. Pour satisfaire les Écossais vivant au pays est organisé le fameux match du 30 novembre 1872 qui est considéré comme le tout premier match officiel de l’Histoire du football. Pour l’occasion ceux-ci sont représentés intégralement par le club de Queen’s Park FC (Glasgow), le meilleur club du pays, dont les couleurs sont bleu foncé, ce qui donnera à la sélection écossaise ses couleurs traditionnelles jusqu’à aujourd’hui. Il a fallu, préalablement, se mettre d’accord sur les règles, celles-ci n’étant pas forcément les mêmes dans les deux pays. On note d’ailleurs systématiquement lors de ces premières confrontations une affluence beaucoup plus importante en Écosse qu’en Angleterre. Hampden Park (1er du nom), le stade de Queen’s Park FC, utilisé dès 1878 pour abriter les rencontres internationales : 15 000 en 1878, un record pour l’époque ! La rivalité contre les voisins anglais permet aux Écossais non seulement de battre régulièrement la puissance anglaise, économiquement et politiquement dominante, mais également d’unir la nation quand le Old Firm (derby Celtic-Rangers) divise le pays entre catholiques et protestants. Dès 1884 est créée une compétition qui fera date, puisqu’elle durera jusqu’en 1984, avec seulement des interruptions de 1914 à 1919 et de 1939 à 1946 (ainsi qu’une annulation en 1981) : le British Home Championship, la seule compétition professionnelle jusqu’en 1927. Ce trophée mis en jeu annuellement réunit les 4 équipes britanniques sur le mode « Tournoi des 5 nations » : trois matchs chacun, à domicile ou à l’extérieur d’une année sur l’autre avec possibilité de partager le titre en cas d’égalité. Le vainqueur est officieusement la meilleure équipe du monde (du moins jusque dans les années 20). Naturellement Angleterre et Écosse s’y taillent la part du lion : en 1914, en 31 éditions, l’Écosse et l’Angleterre totalisent respectivement 16 et 15 victoires (dont 6 partagées). Cette confrontation entre Angleterre et Écosse, les old ennemies, est l’événement marquant de la saison internationale et il n’est pas rare de voir plus de 100 000 spectateurs dans les tribunes, avec un record de 108 000 à Hampden Park en 1906. L’édition 1902 a d’ailleurs vu le « Drame d’Ibrox », dans l’enceinte des Rangers. La tribune Ouest nouvellement construite s’effondre, à cause de fondations mises à mal par les très fortes pluies qui sont tombées la veille. Des centaines de supporters tombent d’une hauteur de 12 mètres environ et on extraira des décombres 25 morts et 527 blessés. La tragédie se déroule autour de la 51e minute de jeu, on interrompt la rencontre, mais de façon incompréhensible, celle-ci reprend après une vingtaine de minutes d’interruption, entre deux pauses pour permettre aux secours et aux spectateurs blessés de traverser le terrain. Le résultat du match (1-1) avait été annulé et celui-ci avait alors été rejoué un mois tard à Villa Park, à Birmingham, pour un score de parité 2-2, pour un titre partagé cette année-là.


Record à Hampden Park


Autre Écosse-Angleterre d’anthologie, celui du 15 avril 1950, toujours à Hampden Park, devant 134 000 spectateurs. Alors que les fédérations britanniques viennent de faire leur retour au sein de la FIFA, elles s’affrontent dans leur British Home Championship pour obtenir l’un des deux tickets qualificatifs qui leur est attribué. Lors de la « finale » de la compétition (en fait c’est le hasard qui a placé ce match entre les deux faciles leaders comme le dernier), devant pas moins de 134 000 spectateurs, c’est l’Angleterre qui l’emporte 0-1. Mais alors que les deux sélections, 1e et 2e de la compétition sont qualifiées, l’Écosse, jugeant que seule la 1e place comptait, refuse alors sa place au Brésil et déclare forfait pour la Coupe du monde 1950. On passe en 1968. Les deux éditions cumulées des British Home Championship 66-67 et 67-68 servent d’éliminatoires pour l’Euro. Le Écosse-Angleterre du 24 février 1968 est historique. Alors qu’une victoire des locaux leur permettrait de se qualifier d’un point devant leurs adversaires du jour (le résultat final est de 1-1, ce qui qualifie l’Angleterre), c’est dans les tribunes que se situe l’exceptionnel : Hampden Hark affiche une affluence de 130 711 spectateurs, ce qui est, encore aujourd’hui, le record pour un match comptant pour l’Euro.


Gascoigne, Griffiths et Harry Kane...


Il faudra attendre 28 ans de plus pour un nouveau match d’anthologie entre les old ennemies, qui s’affrontent à Wembley en poules de l’Euro 96 devant 77 spectateurs, pour une victoire des locaux 2-0. Le nom des buteurs est évocateur : Shearer, Gascoigne… L’Écosse, quant à elle, participe à sa dernière compétition internationale avant 2021. Trois ans plus tard, c’est en barrages pour l’Euro 2000 que les deux voisins se rencontrent sur match aller-retour. Signe des temps et de la fin des places debout, Hampden Park, pourtant plein à craquer, n’accueille que 50 000 personnes… Si les deux équipes l’emportant chacune à l’extérieur (l’Angleterre 0-2 à Hampden Park grâce à doublé de Scholes et l’Écosse 0-1 à Wembley devant 76 000 spectateurs), ce sont les Three Lions qui verront la Belgique et les Pays-Bas. Les old ennemies se retrouvent une nouvelle fois en éliminatoires de la Coupe du monde 2018. Si la confrontation de Wembley, devant plus de 87 000 spectateurs, est à sens unique pour les locaux (3-0), la 114e et dernière confrontation officielle (sans compter les 5 de 1870 à 1872) entre les deux voisins et rivaux, malgré la disproportion désormais patente des forces, donne lieu à un match d’anthologie à Hampden Park. Menés 0-1 depuis la 70e minute, les Écossais renversent la tendance en 2 minutes sur un doublé de Leigh Griffiths (88e - 90e ), avant de se faire crucifier après 3 mn de temps additionnel par l’inévitable Harry Kane. Si je dis crucifier, c’est parce que les deux points perdus ce jour-là vont priver l’Écosse de la place de 2e du groupe qui leur aurait permis de disputer les barrages. Enfin, le dernier affrontement en date, on s’en souvient tous, remonte à l’Euro 2020 (ou 2021, on ne sait plus), 25 ans après la dernière qualification écossaise (1996). Las, dans un Wembley avec une jauge à 25 %, devant seulement un peu plus de 20 000 spectateurs, la montagne accouche d’une souris : un piètre 0-0 bien terne, avec un seul tir cadré pour les Three Lions, futurs finalistes, et trois franches occasions de but pour les Écossais, qui ont souvent fait la meilleure impression dans ce duel fratricide moins déséquilibré qu’il n’y paraissait. Au final, le bilan de ces 115 confrontations officielles entre les deux voisins qui furent pendant longtemps les deux meilleures sélections du monde est, contrairement à ce qu’on peut penser, équilibré : 48 victoires pour l’Angleterre, 26 nuls et 41 victoires pour l’Écosse. Réminiscence d’une époque que les moins de 120 ans ne peuvent pas connaître où le plus fort n’était pas nécessairement le plus grand...


Frédérik Legat

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